ANOREXIE, MON AMOUR, Heures de France
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ANOREXIE, MON AMOUR

Recensions

ANOREXIE, MON AMOUR
Jackie SINCLAIR

EAN/ISBN : 9782853853019
Nb de pages : 185 p
Année : 2007
19.00 €

L'anorexie mentale est l'un des syndromes les plus rebelles que doit affronter le psychiatre. Le plus mobilisateur d'angoisse qui soit dans le contre-transfert et souvent le plus libérateur de tensions agressives réactivées par un sentiment d'impuissance. L'anorexique circule main dans la main avec la mort dans les labyrinthes de la désespérance. (...) Dès le début, le thérapeute mis en scène se devait d'agir. La manière dont il s'y est pris n'a laissé qu'une possibilité  à Jackie lors de ce qu'elle appelle son « incarcération » : l'immersion dans un syndrome de Stockholm. Elle a investi de l'amour que l'on peut avoir pour une mère celui qu'elle décrit comme un bourreau.

Docteur Bernard Croizé
Neuropsychiatre


Jackie Sinclair, à quarante ans, traverse durant dix ans l'enfer de l'anorexie. C'est l'histoire de cette traversée faite de tempêtes violentes, capables de l'engloutir, et d'éclaircies qui est au coeur de son récit.
Jackie est entrée en anorexie comme on entre au couvent. Mais là il ne s'agit pas de l'obéissance à un Ordre mais plutôt à un désordre que rien ne semble pouvoir combattre.
Elle a su mettre en mots, parfois avec humour, les affres de la maladie ainsi que les mécanismes de la psyché d'une anorexique.
Cet ouvrage offre à ceux qui vivent l'anorexie, à ceux qui la côtoient, comme à ceux qui tentent de la prendre en charge, une clef apte à ouvrir la porte cet univers clos.
Si l'issue a été souvent incertaine, aujourd'hui après avoir traversé brumes et brouillards, Jackie peut dire : « la vie vaut la peine d'être vécue ».

 



SOMMAIRE

L'anorexie mentale est l'un des syndromes les plus rebelles que doit affronter le psychiatre. Le plus mobilisateur d'angoisse qui soit dans le contre-transfert et souvent le plus libérateur de tensions agressives réactivées par un sentiment d'impuissance. L'anorexique circule main dans la main avec la mort dans les labyrinthes de la désespérance.
Sur le plan théorique, les conceptions sont nombreuses. Elles vont de l'école psychosomatique jusqu'aux théories organicistes en passant par la psychanalyse. Il faut dire que tout s'y prête. Pourtant, dans le texte qui va suivre, il se révèle qu'il s'agit bien d'un langage : un langage diabolique.
La demande de soins attentifs et de reconnaissance est claire. Les rivalités narcissiques, l'amour-propre d'un côté, le désespoir grandissant devant la surdité psychique des interlocuteurs et la réactivation croissante des conflits refoulés de l'autre, génèrent un affrontement mortifère qui va s'érotiser.
Le premier acte du drame se passe au niveau d'une symbolique devant laquelle les deux protagonistes semblent aveugles. Le conte de la jolie poupée de porcelaine aux vrais cheveux, écrit pendant « l'incarcération », le mercredi 8 mars (chapitre 3), dit déjà presque tout. On le comprendra en apprenant vers la fin de l'ouvrage dans quelles conditions Jackie Sinclair est arrivée au monde et quel était l'enjeu de la décision racontée par sa mère devant une inimaginable impasse.
Dès le début, le thérapeute mis en scène se devait d'agir. La manière dont il s'y est pris n'a laissé qu'une possibilité à Jackie lors de ce qu'elle appelle son « incarcération » : l'immersion dans un syndrome de Stockholm. (Elle a investi de l'amour que l'on peut avoir pour une mère l'homme qu'elle décrit comme un bourreau.) Elle guettait le bruit de ses pas, le bruit de sa voiture. Les choses n'avançaient pas pour autant.
Mais comment se sortir d'un combat qui s'annonce sans issue ?
Loin de moi l'idée de vouloir trancher le problème. C'est trop complexe. Ce que je crois simplement, c'est qu'en psychiatrie la thérapie ne supporte pas le prêt-à-porter. Bien entendu, il y a toute la gamme des chimiothérapies. C'est précieux et réconfortant pour le thérapeute. Il ne faut jamais négliger cette possibilité qui permet souvent d'initialiser dans de meilleures conditions une psychothérapie, mais, compte tenu de l'extrême fragilité biologique d'une anorexique, c'est un peu funambulesque et cela ne peut pas tout résoudre.
Il y a au moins un point sur lequel un consensus persiste depuis plus d'un siècle, c'est la nécessité de tout commencer par une mesure d'isolement. Cela paraît paradoxal parce que, comme le fait remarquer à juste titre le Professeur Jean-Bernard Garré dans un exposé remarquable que l'on peut trouver sur Internet, il s'agit justement d'une maladie qui isole par elle-même. Cet isolement ne devra donc pas être une incarcération sadique, mais l'aménagement d'un accueil, aussi chaleureux que possible dans sa détermination de protéger d'un entourage anxieux et souvent maladroit au sein d'une détresse partagée.
Un autre point de consensus qui se dégage de plus en plus, c'est le « contrat ». « Vous serez libérée (sic) dès que vous pèserez quarante-six kilos... et pas quarante-cinq kilos huit cents ! » (chapitre 1) Celui-là, il s'est piégé tout seul. Il est d'avance battu par K.-O. Il vient de conférer le pouvoir absolu justement à qui n'attendait que ça ! Ce petit jeu, lui aussi, doit bien avoir un siècle derrière lui. Ce qui m'étonne, c'est à quel point il se généralise. Je n'ai de leçons à donner à personne devant un problème aussi difficile. Bien sûr, il faut fixer un repère, mais pas lancer un jeu.
Pour ma part, je pense que la règle à énoncer, c'est que la personne sera transférée en réanimation, en un autre lieu, en cas de menace vitale imminente. Pour le poids, elle sera pesée une fois par semaine le même jour que tous les malades de l'établissement, quelle que soit la raison de leur présence. Les repas seront pris au choix en chambre ou dans la salle à manger. Pour le reste, nous nous entretiendrons l'un et l'autre dans des conditions de confiance et de respect mutuel.
Dès que possible, sera organisée, comme l'évoque Jackie Sinclair elle-même, une thérapie bifocale, psychothérapeute, dans ce cas psychanalyste d'un côté, psychiatre interface de la réalité de l'autre.
L'analysant peut ainsi s'exprimer en toute liberté sans risque de déclencher une intervention en réplique à son discours. Du côté des thérapeutes, cela nécessite d'avoir fait sur soi-même un long travail approfondi pour éviter tout dérapage narcissique et toute intervention intempestive par rapport au rôle assigné. Il faut aussi partager une même conception théorique du travail que l'on va faire dans des rôles complémentaires.
Le psychothérapeute peut, si cela s'impose, communiquer avec le psychiatre en prévenant la patiente. Il le fera le moins possible et ne devra pas transmettre le contenu explicite du discours qu'il a entendu, ce qui pourrait compromettre la poursuite de la thérapie.
Jackie Sinclair a eu la force de laisser émerger l'humour dans ce récit d'un combat souvent réputé sans issue. Cet humour culturel dans les pires difficultés, on aimerait être tout à fait anglais pour le partager
dans sa langue d'origine. Je le crois salvateur. Je conseille à tous, et particulièrement à « ceux qui sont censés savoir », comme à ceux qui sont concernés personnellement, de lire sans préjugés cet ouvrage et d'y réfléchir.

Bernard CROIZE
Docteur neuropsychiatre




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